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Par Sewell1 le 21 Juin 2007 à 16:41
On lui parle encore de «Jalna», la série dont il fut le héros et où il se tailla un beau succès personnel.
Québécois, né à Montréal, Serge Dupire s'est installé en France il y a dix-huit ans.
A l'époque, il était déjà une vedette dans son pays, où il revient fréquemment et où sa popularité reste intacte.
Il avait même connu la réussite aux Etats-Unis, en participant à un soap intitulé «Another world».
Lui, dont le grand-père est français, a découvert, après avoir incarné le Grand Condé dans «Louis, enfant roi», que ses ancêtres étaient écuyers des princes de Condé...
Outre ses prestations à la télévision, ce comédien a tourné une quinzaine de longs métrages et travaillé entre autres avec Anouk Aimée, Jean Carmet, Marthe Keller, John Hurt, Macha Méril, Michèle Laroque et Isabelle Gélinas.
Il est actuellement de la distribution du grand succès de France 3 «Plus belle la vie», un double bonheur pour lui, puisqu'il y a rencontré sa nouvelle compagne, Rebecca Hampton.
Et on le retrouve régulièrement aux côtés d'Ingrid Chauvin, dans «Femmes de loi»
Vous êtes le voisin entreprenant du lieutenant Marie Balaguère, qu'interprète Ingrid Chauvin dans «Femmes de loi». Cet emploi récurrent vous donne satisfaction?
Tout à fait, car, de même que celui d'Olivier Pagès, qui joue l'ex-mari du procureur Elisabeth Brochène, il apporte un peu de légèreté à la série, ces personnages étant étrangers aux enquêtes. Grâce à eux, on entre dans la vie personnelle des deux héroïnes. Avec Ingrid, on s'amuse beaucoup de ces situations un peu cocasses. Je suis propriétaire de l'appartement qu'elle occupe, et je n'ai que le palier à traverser pour venir la voir. Elle aussi craque pour moi. Dans son métier, elle est sûre d'elle, mais dès qu'elle se retrouve devant moi, elle est désemparée. Et moi, je le suis tout autant. C'est drôle d'incarner cet agrégé de lettres modernes, qui enseigne à des jeunes filles, qui a de la superbe et qui, face à cette jolie voisine, perd tous ses moyens...
Comment êtes-vous venu à la comédie?
Très jeune, j'ai fait du théâtre amateur, avant de m'inscrire à l'Ecole nationale du théâtre au Canada. C'est un conservatoire où l'on apprend la danse, le chant, les claquettes, la diction... J'ai fait de la scène, puis j'ai eu la chance de tourner beaucoup de longs métrages avec Denys Arcand, Gilles Carle, Jean Baudin, Léa Pool... Cela marchait très fort, mais à un moment, j'ai eu envie de me remettre en question et de repartir de zéro. Je ne me doutais pas que la popularité que j'avais au Canada ne me quitterait jamais. Cela fait dix-huit ans que je vis en France, ce qui ne m'empêche pas d'aller régulièrement travailler dans le pays où j'ai vu le jour.
Vous avez été la vedette d'un soap américain sur NBC, «Another world». Comment avez-vous décroché le rôle?
Ils cherchaient un Français. Ils ont organisé un casting à Los Angeles, Miami, Houston et Toronto. Ils m'ont fait venir à New York, et j'ai été engagé. J'ai pris les choses très simplement, parce qu'un soap, contrairement à «Plus belle la vie», c'est vite fait, on est grimé pour la journée. On n'a pas le temps d'épaissir un peu les personnages, de développer des situations. Mon agent à New York me disait: «Mais tu te rends compte? Tu es dans "Another World"! C'est toi qui as décroché le rôle, alors que vous étiez 2.500 sur le coup!» Ma collaboration a duré un peu moins d'une année, alors que le programme a été diffusé pendant trente-huit ans! A la suite de quoi, on m'a proposé de jouer dans «All my children», mais comme cela ne me tentait guère, je suis rentré à Montréal.
Vous n'avez pas l'impression d'être passé à côté d'une carrière américaine?
Non, je n'ai aucun regret. J'ai aussi tenu un petit rôle dans un film de William Friedkin, le réalisateur de «L'exorciste». En fait, <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName> m'attirait beaucoup plus que les Etats-Unis. Mon grand-père était français et Paris me faisait bien plus rêver que Los Angeles.
De quelle façon avez-vous décidé de venir vous installer en France?
Cela ne s'est pas fait d'un coup. J'ai travaillé, en 1986, avec TF1, dans une série intitulée «L'île», inspirée du roman de Robert Merle et réalisée par François Leterrier à Tahiti. Puis, dans une autre pour TF1 et le Canada: «Formule 1». Ce n'est qu'en 1988 que j'ai décidé de m'installer à Paris. J'ai trouvé un atelier d'acteurs où j'ai rencontré Marie Trintignant, Anne Parillaud et Gabrielle Lazure. J'ai eu le sentiment de recommencer mon métier et cela me plaisait. D'autant plus qu'au Canada, on a une façon de travailler plus anglo-saxonne, et cela m'a fait voir les choses d'un il nouveau. Et puis, j'ai fait la connaissance de la femme que j'ai épousée et qui est la mère de mes deux enfants.
Vous vous êtes connus sur un tournage?
Pas du tout. Je n'avais jamais eu de comédienne dans ma vie jusque-là. Je pensais que ce n'était pas une bonne chose.
C'est sur le plateau de «Plus belle la vie» que vous avez rencontré Rebecca Hampton?
Oui, nous avions un humour et une éducation vraiment comparables. Nous travaillions beaucoup nos textes l'un avec l'autre. Quand il y avait des fêtes, on dansait toujours ensemble. D'ailleurs, tout le monde nous avait déjà mariés. Mais j'étais fidèle, je ne voulais pas tromper mon épouse, et je ne l'ai pas fait. Je lui ai donc dit la vérité, et il est arrivé ce qui devait arriver.
Lorsque vous avez tourné «Louis, enfant roi» pour le cinéma, vous avez retrouvé vos racines françaises...
Quand j'ai entrepris des recherches généalogiques, j'ai découvert que mes ancêtres étaient des écuyers des princes de Condé. J'interprétais le meilleur personnage du film, qui était justement... le Grand Condé! Ce rôle m'a valu un beau succès d'estime. J'avais pour partenaires Carmen Maura, qui était l'actrice fétiche d'Almodóvar, Michèle Laroque, Isabelle Gélinas...
Comment voyez-vous Vincent, votre personnage dans «Plus belle la vie»?
Dans une telle série, on joue davantage des situations que des personnages. On est avant tout un moteur pour faire avancer une scène.
Ce n'est pas frustrant?
Au début, oui. Après, on s'aperçoit que c'est un exercice quelquefois périlleux et assez intéressant. Un jour, on va dire de tel rôle «Quel salaud!», et la semaine suivante, «C'est quelqu'un de tellement formidable!». Et il faut y croire à chaque fois. Tous les comédiens qui passent dans «Plus belle la vie» disent que c'est une bonne école.
La série connaît un beau succès d'audience...
Notre record a été atteint pendant les Jeux olympiques: nous avons eu 6.329.000 spectateurs. On a eu une médaille d'or ce soir-là, et on a récidivé lorsqu'on a battu le journal de France 2. En moyenne, les scores oscillent entre 5.000.000 et 5.400.000. «Plus belle la vie» a démarré doucement et est devenu un phénomène. Ce résultat couvre toutes les classes de la société et toutes les professions, c'est vraiment étonnant. On fait partie des meubles. Quand je vais chez un commerçant, il n'est pas rare qu'on me dise: «A ce soir!» Les gens se prennent au jeu, sans être dupes.
Vous avez aussi participé à un certain nombre de longs métrages en France et côtoyé quelques acteurs populaires...
Oui, j'ai été gâté! J'ai travaillé avec Danielle Darrieux, Madeleine Robinson, Macha Méril, dans «Et si on faisait un bébé?»... Macha est un personnage! Une très belle femme, dotée d'un charme fou et qui connaît bien les hommes. Dans le «Napoléon» avec Christian Clavier, j'ai eu pour partenaire Anouk Aimée, qui est encore très belle et dont j'ai été follement amoureux dans ma jeunesse. Non, je ne le lui ai pas avoué! C'est toujours un peu délicat de dire à une comédienne: «Quand j'étais ado, j'étais dingue de vous...»
C'était un amour exclusif?
J'avais un faible pour Jacqueline Bisset, jusqu'à ce que je la rencontre. Je l'ai trouvée un peu condescendante, un peu chieuse, très décevante. C'est la seule actrice qui m'a fait tomber de haut. Je l'avais vue en couverture de «Jours de France», elle venait de jouer dans «La nuit américaine», de Truffaut. J'ai pensé: «Qui c'est, cette nana? Elle est superbe!» J'avais 12 ans. Je l'ai croisée à deux reprises, lors de festivals, et ça m'a suffi.
ll y a eu le film de Patrick Dewolf «Mémoire traquée». Un grand souvenir?
Il y avait Marthe Keller et John Hurt, qui avait fait «Elephant man». C'est une mégastar en même temps qu'un homme un peu torturé. Il a été adorable.
Au Canada, vous avez eu Jean Carmet pour partenaire, dans «Le crime d'Olive Plouffe»...
Je l'ai retrouvé quelque temps plus tard pour «Le matou», dans lequel j'étais le héros et lui le méchant. Quand je suis arrivé en France, je l'ai rencontré à une fête du cinéma. Je le vois encore fendre toute la foule pour m'accueillir chaleureusement... Il était très attachant, et très rusé quand il jouait. Il savait décontenancer son partenaire, mais d'une façon assez constructive. Je l'ai beaucoup apprécié.
Comment vos deux enfants, qui ont 15 et 10 ans, voient-ils votre métier?
Avec beaucoup de simplicité, car je ne l'ai jamais vraiment mélangé avec ma vie privée. Quand ils sont descendus à Marseille pour voir le tournage de «Plus belle la vie», ils en ont profité pour faire un peu de figuration et ils étaient assez contents. Mais ils ne sont pas fascinés.
Votre père était attaché culturel à Montréal lorsque de Gaulle a lancé l'historique «Vive le Québec libre!» Il vous en a parlé?
Il était sur le balcon derrière lui à cet instant. Ses fonctions l'empêchaient de prendre parti, mais j'ai su, quelque temps plus tard, qu'il était tout à fait d'accord avec la formule. Il était de la taille du général et j'ai une photo où ils sont les yeux dans les yeux. Je n'avais que 9 ans à l'époque, mais cela avait un sens pour moi: «Vive le Québec libre!» signifiait un retour aux racines. Et quand, plus tard, je suis venu vivre en France, c'était un choix.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
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